Ma Légion, la Légion de Fer, la seule et unique Légion que je respecte, m'a envoyé dans les Contrées Sauvages d'Argent pour assister à la constructions d'armes du Pacte et à leur entretient. Moi, le Pacte, ça me fait doucement rire : voir des humains travailler avec des Asuras ou même des Charrs, on se demande lequel va péter son câble en premier. Mais bon, on dirait que ces saloperies de Dragons ont réussi à nous donner à tous une bonne raison d'oublier certains différends. Mais rien ne dit qu'une fois qu'on les aura tous buté, on recommencera pas à se faire la guerre. Bref.
Comme d'habitude, on m'a envoyé en tant que représentante de la Légion, je suis ni volontaire ni légionnaire ou quoi, juste celle qu'on envoie un peu partout pour la faire travailler. A cause de ça, j'ai du réparer des tanks de la Légion Sanglante et j'ai du aller donner un coup de patte à Fort Trinité. Je préférerais qu'on me laisse le choix de mes destinations mais…j'ai pas mon avis à donner sur quoi que ce soit, ce sort je le mérite, tout ce que je dois faire c'est me taire et obéir, et surtout faire comme si de rien n'était.
Donc quand je suis arrivée au Camp de la Détermination -excellente trouvaille, ce nom, par ailleurs- le Charr qui devait me dire quoi faire était en train de s'engueuler avec une minuscule asura, j'ai juste failli lui marcher dessus, mais les deux étaient tellement occupés à essayer de prouver lequel des deux était en tord qu'ils ne m'ont même pas remarquée. J'ai du comprendre seule comme une grande qu'en fait une escouade d'humains étaient censés rapporter des matériaux, mais que BIZARREMENT ceux-ci n'étaient jamais arrivés à bon port, et qu'il fallait donc aller les chercher chez les Skritts du coin, mais que ni le Charr ni l'asura ne voulaient se dévouer, l'une trouvant les Skritts « pas assez évolués pour comprendre ce qu'elle oserait leur demander » et l'autre inventant tout bonnement une excuse encore plus bidon. Je suis donc allée voir un éclaireur du pacte pour lui dire que je me collerais à la tâche, j'ai l'habitude de faire le sale boulot de toute façon.
Alors je me suis mise à marcher dans ce putain de canyon aride, avec des dévoreurs partout et des tornades d'acarides. Je hais le soleil, ça me brûle les yeux et me chauffe le poil, la seule lumière que j'apprécie, c'est celle qui sort de mon lance-flamme. Et puis le vent qui transporte du sable, je dis pas. Et j'oubliais aussi la caillasse dissimulée sous le sable qui coupe les coussinets. Je hais cet endroit, j'ai hâte d'aller combattre Jormag, chez lui au moins, on meurs de froid, on brûle pas comme des Moas lors de la Viandoberfest.
Heureusement que l'entrée de la grotte des Skritts n'était pas loin du camp, sinon je pense que j'aurais piqué une crise et me serais mise à regretter de pas avoir de bon gros golem bien ridicule pour me foutre dedans et être à l’abri de toutes les choses extérieures. Je suis vite arrivée à la grotte, et j'ai commencé à voûter le dos à ce moment là. Soit les Skritts sont vraiment des sales petits rats, soit c'est moi qui ai juste été un peu trop bénie par la nature et suis carrément trop grande pour leurs structures . Mais arrivée dans le sous-sol, tout vas bien mieux, c'est un gigantesque sous-terrain plein de stalagmites et de constructions dans la roche, à se demander si celles-ci ont été construites par les Skritts, ou par un peuple qui vivait là bien avant. Au milieu de la grotte se trouve un gigantesque… trou ? Comment appeler ça autrement ? Puis surtout,c e qui saute aux yeux, c'est cette épave de bateau à l'envers et sur la coque duquel se trouve un petit groupe de Skritts occupés à faire ce qu'ils font le mieux, c'est à dire parler pour ne rien dire.
Ce Bateau est le type de vaisseau que j'avais pu voir à Orr, mais ils étaient occupés par des revenants. Est ce que des humains habitaient là avant ? Quoi qu'il en soit, il devait y avoir un point d'eau, ce bateau peut pas s'être téléporté là tout seul.
Je descend les marches froides de la grotte et m'approche d'un groupe de Skritts gardant le pont menant au bateau et décide d'entamer une discussion avec eux, pour leur demander simplement où sont les outils dont le Pacte à besoin et de me les passer pronto, histoire que je finisse mon affaire et rentre à la Citadelle Noire.
Ces petites choses, après avoir piaillé et s'être extasiés devant MON lance-flamme -pas faute d'en avoir éjecté quelques-uns qui s'en approchaient trop à coup de patte arrière- m'ont montré du doigt une cargaison qui pendouillait sur la poupe du bateau. J'ai regardé les gros caissons, pendus dans le vide avec presque aucun moyen de les atteindre, puis j'ai regardé les Skritts, puis les caissons. Les Skritts m'ont fait un grand sourire sans véritables dents, et je me suis aventurée sur le pont menant au bateau d'un pas lourd, me demandant autant si ce misérable pont allait soutenir mon poids tout le long qu'essayant de voir comment je pourrais parvenir à accéder à ces foutus caissons.
Le bateau grinçait, les Skritts piaillaient, je remerciait je-ne-sais-quel esprit de la nature Norn pour ma vision un minimum nyctalope et j’avançais. Arrivée sur le gros bateau, j'expire tout l'air qui était resté coincé entre mes côtes pendant la traversée du pont et entreprend de visiter un peu la poupe du bateau, me rendant bien compte que celui-ci est à l'envers, et que ça me facilite juste pas DU TOUT la tâche. J'entre non sans mal dans une espèce de tout petit petit compartiment dans lequel j'ai cru voir des escaliers. Mais en fait les escaliers sont brisés, ainsi que le « toit », et donc le fond, du compartiment, ce qui fait que je me retrouve le postérieur dans le vide et galère à me sortir de là, mais j'y arrive.
Changement de plan, je vais mettre en pratique mon habileté et ma grâce naturelle dans ce cas. Je pose mes affaires dans la cale, enfin le toit techniquement, et m'avance sur une toute petite petite poutre qui grince et, je l’espère, qui me permettra d'atteindre une autre poutre à partir de laquelle je pourrais attraper un cordage qui est directement relié à ce qui porte les caissons ! Voilà, donc j'y vais, je m'élance gracieusement d'une poutre à l'autre, aucun problème, j'avais de la marge, c'est juste qu'entendre quelque chose craquer derrière soi n'est pas forcément rassurant. La poutre sur laquelle j'attéris est plus large, mais la corde… Pourquoi , Ô Tyrie, est-ce que j'ai pensé que cette corde serait un bon moyen pour m'aider à atteindre les caissons ? Elle fait à peine la largeur de deux de mes griffes ! Tant pis, ce qu'il me reste comme solution c'est sauter…
Alors je saute… Et je m’aplatis misérablement sur les caissons. Bon, ca aurait pu etre pire, j'ai juste perdu un croc et je saigne du museau, mais à la limite c'est pas grave, ca va passer, maintenant tout ce qu'il me faut c'est remonter les caissons. Remonter les caissons… Hum… Je viens de sauter d'en haut en fait, mes affaires sont en haut, je suis pendue à sûrement des centaines de kilomètres au-dessus du vide et je n'ai absolument pas pensé à un moyen de remonter… Je me frappe le crâne contre des caissons et hurle « ABRUTIE ! ABRUTIE ! ABRUTIE !!! » ce qui n'améliore pas mes blessures, au contraire. Je vais mourir de faim et de soif ici, juste parce que, comme d'habitude, je n'ai pas été assez prévoyante… Je suis pitoyable...Et en plus j'aurais même pas pu accomplir ce que je veux…
« Eh chose, au lieu de beugler comme ça toute seule, regarde un peu par là » me dit une voix un peu plus bas. Je regarde en sa direction, essuie ma morve et e sang qui me bloque la vue, puis arrive à discerner une touffe blanche qui agite la patte en ma direction.
Effectivement, J'étais absolument aps bloquée en fait, il y a une passerelle en dessous de moi, sur laquelle je peux très facilement sauter, et de laquelle une grande Charr blanche et en armure me fait signe. Je lui demande si elle sait si c'est possible que je m'en sorte vivante tout en voulant transporter les caissons. Elle me dit de sauter et qu'ensuite elle m'aide, alors je saute dans sa direction et atterris parfaitement à coté d'elle. Je la regarde quelques secondes, me demandant si je peux considérer qu'elle vient de me sauver la vie, et, si c'est le cas, si je dois luis sauver la vie en retour pour effacer ma dette. Elle, en revanche, ne me regarde pas et dégaine sa hache. Elle donne tout à cou un coup vif sur un cordage à coté d'elle et je me demande si elle ne va pas, par la même occasion, faire s'effondrer cette carcasse de bateau sur laquelle nous sommes. Aussitôt la corde coupée, la Charr la rattrape avec ses deux pattes et je vois ses muscles se bander sous l'effort que cela lui demande. En effet, elle est en train de retenir la charge portant les caissons sur laquelle j'étais un peu plus tôt. Je m'empresse alors de l'aider et nous parvenons à tirer la charge vers nous, et à prendre les caissons. Aussitôt fait, elle se retourne vers moi et me souris/ « Je suis Norhia Franchelame » dit-elle. Je la regarde droit dans les yeux, un peu ébahie et décidant que oui, elle vient bien de me sauver la vie, avant de lui décliner en retour mon identité.
Norhia m'a ensuite guidée hors de la grotte des Skritts, il y avait un passage que je n'avais pas vu, on pouvait acceder au bateau aussi par la roche, ce qui était beaucoup moins dangereux, et beaucoup plus praticable , surtout pour une Charr. Elle m'a ensuite aidée à apporter les caissons au Camp et m'a saluée. Elle pensait que je l'oublierais, elle avait tort : je l'ai suivie et ne l'ai plus quitté.
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